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Faire face au changement climatique : régénérer nos sols

Par Mehdi Zehar, conseiller environnement chez Cerfrance Loire-Atlantique
Mehdi Zehar

Mehdi Zehar Conseiller environnement

Votre expert Cerfrance

Découvrez comment adapter les pratiques agricoles pour préserver les sols, maintenir les rendements et garantir la durabilité des exploitations.

Le changement climatique est aujourd’hui une réalité qui bouleverse les équilibres des agroécosystèmes. Des périodes de sécheresse récurrentes aux épisodes de pluies torrentielles, en passant par la hausse des températures moyennes, nos agriculteurs sont en première ligne face à ces bouleversements. En particulier, les sols agricoles ont considérablement été affaiblis, notamment en Loire-Atlantique, où les sols limoneux sont particulièrement vulnérables à l’érosion. De même, on observe une dégradation de la biodiversité.

Comment, dans ce contexte, adapter les pratiques agricoles pour préserver les sols, maintenir les rendements et garantir la durabilité des exploitations ?

sol agricole

Deux années consécutives déroutantes

 

Lorsque j’échange avec les agriculteurs, beaucoup d’entre eux me font part de leurs difficultés à faire face aux extrêmes météorologiques. Je suis témoin de leur ténacité qui est mise à l’épreuve, face aux nombreux enjeux. Beaucoup s’interrogent : face à cette variabilité, comment je m’adapte ? Comment je peux rebondir rapidement ?

 

En effet, le changement climatique, on le sait, a un impact économique, agronomique et environnemental, et par conséquent agit aussi sur la santé physique et mentale de nos agriculteurs. Malheureusement, ces conséquences risquent de s’amplifier au regard des prévisions climatiques à l’horizon 2050 (1).

Préserver la santé des sols : une priorité agronomique

Les sols agricoles sont la base de toute production. Pourtant, 70% des sols européens sont considérés en mauvaises santé (2). A l’échelle mondiale, d’ici 25 ans, la dégradation des sols pourrait engendrer une réduction de la production d’aliments de 12 % et augmenter de 30 % leur prix (3).

Outre le déclin de leurs fonctions de régulation du cycle de l’eau, de stockage de carbone, et de vivier à biodiversité, le risque d’une perte irréversible de la fertilité de nos sols est des plus préoccupantes. Les sols subissent une dégradation accrue due à l’érosion, à la perte de matière organique et à la compaction qui affectent leur structure. Cela a pour conséquences de pénaliser leurs fonctions et les services écosystémiques rendus.

Pourtant, 3 axes me paraissent indispensables à prendre en compte :

  1. La régénération des sols

    Premièrement, la régénération des sols passe par un travail sur leurs structures. En effet, il est essentiel de recouvrer les porosités nécessaires aux bons flux hydriques et gazeux, et ainsi augmenter leur réserve utile, favoriser l’enracinement des cultures et les échanges de nutriments.

  2. La biodiversité

    Deuxièmement, la biodiversité doit être remise au centre des préoccupations pour permettre le bon fonctionnement biologique des sols, la minéralisation de la matière organique et du cycle de l’azote. En effet, cette biodiversité participe en plus à l’amélioration structurelle et physique des sols.

  3. La gestion chimique

    Enfin, troisièmement, il semble nécessaire de veiller à une bonne gestion chimique de ses sols pour assurer la disponibilité des éléments minéraux par de l’amendement, une meilleure maîtrise du pH et une analyse d’éventuelles carences.

Toutes ces priorités passeront nécessairement par une réflexion pouvant conduire à des remises en question profondes des techniques habituelles. Ne serait-ce que pour la transmission de sols sains et fertiles aux générations futures.

Commencer dès maintenant !

Chaque exploitation a sa valeur propre. Elle est liée à son histoire, son terroir, ses projets, son environnement, ses exploitants, leurs familles et leurs vies… Il faut faire fi des recettes miracles qui fonctionneraient à tous les coups.

Aujourd’hui, les agriculteurs ont besoin d’être écoutés pour cibler leurs problématiques, et de prendre de la hauteur pour prendre des décisions éclairées. Les méthodes d’accompagnement doivent changer pour intégrer ces préoccupations dans une stratégie globale et long-terme. Les problématiques doivent être personnalisées, ciblées et priorisées et les échanges entre pairs doivent absolument être favorisées pour créer des synergies. Une expertise purement technique ne suffit plus.

Rien qu’à titre d’exemple : supposons que la question de la fertilité des sols se pose chez un exploitant. La problématique est croisée : économique, écologique, agronomique et social. Il faut prendre en considération toutes ces composantes ! Le lien doit être fait avec les marges économiques liées à l’engrais, le plan prévisionnel de fumure, les indicateurs agronomiques de fertilisations, les objectifs de l’exploitant, le potentiel de son sol etc. Et pousser le raisonnement au global pour évaluer les actions à mettre en place en se posant les bonnes questions :

  • En quoi c’est un sujet important pour l’exploitant ?
  • A quels autres enjeux cela se raccroche-t-il ?
  • Comment faire pour gagner en rentabilité tout en améliorant la santé de mon sol sur le long terme ?
  • Quelles solutions de financement ?
  • Quelle résilience face aux conjonctures politico-économiques, sociales et sociétales ?
  • Mes capacités de stockages de matières organiques sont-elles adaptées ?

Et une multitudes d’autres questions qui doivent être mises sur la table concernant l’ensemble de l’itinéraire technique de l’exploitant.

Pour cela, il faut ces compétences indispensables en gestion d’entreprise et en diagnostic, et avoir une réelle expertise sur les données financières et économiques des exploitations. Le travail de conseil doit intégrer une approche pluridisciplinaire. Et j’en suis d’autant plus convaincu depuis mes années chez Cerfrance où la performance économique et environnementale des exploitations est au cœur des préoccupations de nos équipes de conseillers.

Sources :
(1) © DRIASS
(2) ADEME
(3) UNCCD, 2014

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